jeudi 6 avril l'ACO a organisé une conférence pour décrite la
résurrection d'une Porsche 904 qui est maintenant en vedette dans le musée.
Cette 904 - châssis 034 - a été engagée par la Scuderia Filippinetti au
mans en 1964; Claude Sage team manager de la scudéria, l'a longuement
décrite dans un document écrit; elle a fait ensuite Spa en 1965 et a eu
une carrière en course de côte, avant d'être rachetée par Michelin pour
faire des essais de pneus pendant quelques années.Michelin l'a ensuite
revendue à l'ACO en 1983, époque depuis laquelle elle était dans les
réserve avant sa restauration qui vient de se terminer.Là où ça devient
intéressant, c'est l'intervention pendant la conférence de notre ami
Georges Héligoin, amicaliste de longue date, pour décrire les essais de
pneus dont il était chargé chez Michelin. Georges s'est livré à un "one
man show" incroyable, plein de truculence, d'humour tout en sachant
tenir son public en haleine.
Georges a été la vedette de la soirée, dépassant allègrement son temps
de parole et n'ayant pas besoin rappels pour continuer à narrer, ou revenir.
Au delà de la forme, son récit était très passionnant, tant la
description des impressions de conduite était précise. La sortie de la
CD au Mans 1966 et le crash qui s'en est suit, n'est pas une simple
erreur de pilotage comme on pouvait le croire, mais la conjonction de
multiples problèmes d'une voiture loin d'être au point; problèmes de
boite, lever le pied sans caler dans une fourchette de tours très
faible, micro braquages des roues rendant la tenue de route aléatoire.
Le récit de sa sortie de route avec la 904 sur le circuit Michelin, est
tout aussi savoureux et a conquis le public qui en aurait bien réclamé
plus. La 904 devait être menée à fond, les abords du circuit étaient
une pelouse lisse et permettaient à la voiture de glisser. Mais il
restait une ornière restée là malencontreusement dans laquelle la 904
s'est plantée latéralement et l'a envoyée à 4 mètres en l'air avant de
retomber...
Fort heureusement - quoi que- Francis Piquera et Fabrice Bourigault de
l'ACO ont réussit à maîtriser la trajectoire vocale de l'ami Georges
qui, encouragé par le public aurait bien fait plus.
Quel conteur !
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petit complément d'infos sur Georges Héligoin :
en 1964 il était pilote de formule 3, en 1966 il est sélectionné parmi une dizaine de candidats pour piloter une CD Peugeot.
Les essais avaient été laborieux, sa CD avait été endommagée par Jean Claude Ogier avec qui il devait faire équipe. La longue queue avait été détruite dans une sortie de route avec les fixations arrachées; la CD Peugeot devint courte.
Georges Héligoin fit finalement avec Johnny Rives. Pendant ces 24 heures du Mans 1966, il fit un tête à queue dans les S du tertre rouge, le virage à droite exactement. Sa CD en plein travers fut percutée sur le flanc par la Matra 620 de Jo Shlesser qui arrivait plein pot, sans avoir décelé quoi que ce soit.
1 seconde plus tard est arrivée à grande vitesse la Ferrari P 3 de Ludovico Scarfiotti et qui a percuté la Matra 620 en pleine trajectoire.
Résultat : 3 voitures bonnes pour la casse, et 3 pilotes fort secoués, Scarfiotti étant légèrement blessé.
Georges commence alors une carrière de pilote essayeur chez Michelin; tout en étant instructeur dans une école de pilotage (Magny Cours probablement) où il va former Jean Luc Salomon futur grand pilote. En 1970, après avoir gagné plusieurs courses, Il était bien parti pour devenir champion de France de formule 3 sur sa Martini, mais en juin à Rouen dans le virage de la scierie, il se tue suite à un accrochage à 4, là ou un seul pouvait passer.
voilà tout ce que je connais de Georges Héligoin.
Bernard Deruelle